Une ombre sur Strangleronce

Une pluie glacée tombait abondamment sur Strangleronce. Bien que cela était coutume à cet époque de l’année, quelque chose semblait troublé l’Evêque qui caressait l’encolure de sa monture comme pour la rassurée. Marchant au trot, le camp rebelle lui apparaissait petit à petit tout comme la menace qui grandissait à son approche.

La mine déconfite des gardes du camp confirma les pires craintes de l’Evêque. La rumeur n’en était plus une. Le mal semblait avoir prit naissance à cet endroit. Scrutant les alentours, Elerion prit des nouvelles des hommes qui parcouraient le camp chaque jour.

- Plus de nouvelles depuis trois jours Evêque, Elric est pourtant un excellent pisteur et guerrier dit l’un des gardes.

- Je vois, auriez vous constaté un changement de comportement de sa part, aussi subtile soit il ? dit Elerion.

- Elric n’est pas très bavard vous savez, il aime ce qu’il fait et ne parle que quand cela est vraiment nécessaire dit le garde.

**Ce ne sera pas facile, je ne ferais appel à l’inquisition quant dernier recours. Du moins je ne suis pas encore sûr de ce qui se trame ici**

- Evêque, pensez vous que quelque chose de grave se soit produit ? dit le garde inquiet.

- Trop de questions sont sans réponse mon fils, je me dois d’étudier chaque indice le plus sérieusement possible dit Elerion.

- Bien, vous trouverez dans ce sac de quoi vous nourrir pendant la traversée de la forêt, soyez prudent Evêque dit le garde tout en se forçant à sourire.

- Merci pour votre générosité, vous serez le premier à être informé quand à l’issue de cette sombre affaire dit Elerion.

Elerion quittait le camp rebelle et se dirigeait à vive allure à sa prochaine destination. Bien qu’aucune menace ne s’était manifestée, l’étrange sensation d’être surveillé oppressait l’Evêque qui jetait sans cesse des regards furtif aux alentours.

**Par le Saint Père ! Où te caches tu ignoble suppôt du mal**

Traversant le pont surplombant la rivière, celle-ci alimentait un autre camp où des nains occupaient ces lieux. Un lourd silence pesait sur ce nouveau camp où la mort semblait y régner depuis quelque temps. Deux corps gisaient sans vie aux abords de la rivière, leurs visages reflétant une profonde terreur.

- Seigneurs, accueille ces braves et veillent sur leur âme dit Elerion.

**Je suis arrivé trop tard Saint père … si seulement j’avais été là plus tôt peut être aurais-je pu …**

Un râle l’interrompit dans sa profonde réflexion, l’entité se matérialisa et chargeait à présent l’Evêque.

Almar absolutem !

Une puissante déflagration ponctua l’incantation de l’Evêque. Nul ne pouvait dire ce qu’il était advenu ….

A Sygie, les serviteurs s'affairent. Les archivistes avaient entendu une vision du Saint Père, l'Evêque Elerion était en danger. Un sentiment persistant dans le palais d'Or. Les estafettes partirent par dizaines, dans toutes les directions. L'armée en campagne dans le nord laissait peu de forces en cas de grand danger.

Dans la forêt d'Elwin, on leva rapidemment une milice, des hommes trop âgés ou tirés des jupons de leurs mères. Des fourches et des serpes comme équipement. Ils attendent maintenant anxieusement le retour des estafettes ...

En quelque instant, le camp avait été soufflé par la déflagration. Etrangement, l’entité aurait du recevoir l’attaque de plein fouet. Mais c’était les alentours du camp qui étaient les plus sévèrement touchés. La poussière qui recouvrait le camp tel un brouillard s’estompait lentement laissant apparaître au grand jour le désastre.

Elerion reprit peu à peu ses esprits et se relevait d’une chute douloureuse. Perplexe, il semblait encore plus inquiet et lançait des regards furtifs sur le reste du camp. Il fit quelque pas pour s’asseoir sur une pierre qui lui apporterait un peu de confort. Une vive douleur dans le bras droit, il saignait abondamment. Pansant sa blessure, il utilisait la grâce de la lumière. Bien que son bras avait repris une teinte normale, la douleur, elle restait bien présente.

*Je ne comprends pas, blessé par ma propre attaque et aucune trace de l’entité*

Des bruits de sabots se firent entendre au loin, Elerion se relevait tant bien que mal. Son bras lui faisait de plus en plus souffrir. Saisissant son bâton il ferait face quoi qu’il arrive. Le soleil haut dans le ciel fit le jour sur l’identité du cavalier. Celui-ci portait une armure de bonne facture mais de nombreuses et graves blessures la garnissaient intégralement. L’homme avait le teint verdâtre et luttait pour ne pas tomber de son cheval.

La nuit tomba rapidement sur le camp de Strangleronce. Un feu y brûlait en son centre. Un homme était étendu et avait sur lui une peau de mouton pour lui tenir chaud. Elerion quand à lui rédigeait une lettre.

- Vous êtes enfin réveillé mon fils, je n’ai pu empêcher votre chute de votre monture dit Elerion.

L’homme quelque peu sonné se redressait pour faire face à l’Evêque.


- Je vous remercie mon père, je suis exténué, merci infiniment pour vous être occupé de moi dit le cavalier.

- Voyons mon fils, c’est normal ! Mais par le Saint Père que vous est il arrivé, vous avez une mine affreuse, votre armure …. dit Elerion.

- Je suis Elmar, nous étions partis à la recherche d’Elric. Un ami vous savez, cela fait des années qu’il veillent sur le camp Rebelle au Nord mais aucune trace de lui, je suis vraiment inquiet.


- En effet mon fils, c’est précisément la raison de ma présence ici. J’ai appris pour la disparition d’Elric et je suis parti à sa recherche. Vous n’avez pas répondu à ma question mon fils, que vous est – il arrivé ?

Le cavalier hésita un moment avant de se lancer dans son récit. Se saisissant d’une gourde à moitié pleine il l'a vida en quelque instant.


- Nous avons été attaqué Evêque. Nous devions nous rendre à baie du butin. Mais nous avions décidé de faire une halte avant de reprendre la route. Aldor prit le premier tour de garde et comme convenu devait me réveiller pour que je prenne le mien. Je n’ai jamais été réveillé par Aldor, mais par le levé du soleil. Il avait disparut ! Aucune trace d’agression, rien Evêque.


- Je me suis mis à courir et à le chercher comme un fou, jusqu’à que je tombe sur cette chose. Difficile de dire à quoi elle ressemblait. Mais ce qui est sûr c’est qu’il s’est attaqué à moi. Je lui ai porté de nombreux coup d’estoc sans résultats. J’ai été blessé gravement et perdu beaucoup de sang. Si vous n’aviez pas été là, je serais mort. dit le Cavalier Elmar.


Elerion regardait le cavalier d’un air inquiet et se posait mille questions. C’était la première fois qu’il avait affaire à un tel évènement.

- Mon fils vous allez vous reposer immédiatement, demain nous nous replierons au camp rebelle. Je me dois d’informer le Saint Père lui-même. Cela dépasse mon entendement. Je pensait avoir affaire à une banal exorcisme mais c’est plus grave. dit Elerion d’un air grave.


Lettre au Saint-Père

Citation :

Saint Père,

Comme vous me l’aviez demandé je me suis rendu à Strangleronce pour pratiquer un exorcisme. Mais il s’avère que le mal que je pourchasse n’est pas un simple esprit.

Je me suis rendu au camp des nains où j’ai fait la macabre découverte de deux d’entre eux. J’ai secouru un soldat qui m’a fait également part de son agression par le sus cité.

Saint père, j’ai combattu l’entité et utilisé les sorts adéquats. Mais il semblerait que la simple magie n’ait aucun effet sur cet être. Pour ma part, je me porte bien et me rendrait dés demain au camp Rebelle afin de ramener le soldat auprès des siens.

Je vous prie de faire parvenir ce courrier au grand Inquisiteur Fratus, j’aurais besoin de ses conseils où de sa présence à Strangleronce. La présence d’inquisiteurs ne serait pas superflue vu la menace.

Pour ma part, je souhaite rester à Strangleronce afin de porter secours à la population locale et et poursuivre la chasse à ce monstre.

Mes respects, Saint père.

Votre Evêque.