Note de l’archiviste sur la conquête des contreforts de Hautebrande. Récit de la bataille de Taren du 1/05.
«Sous une pluie battante, les bannières des croisés passèrent la grande porte de l’ouest d’Arathi. La muraille, imposante malgré les marques du temps, s’érigeait tel un dernier rempart entre les royaumes libres et les terres barbares. Les colonnes étaient silencieuses, elles s’enfoncèrent dans les sombres forêts. Le murmure des arbres était triste, les branches basses. Les sentiers à l’abandon, les tribus fuyaient en masse la guerre.
Guidés par leurs officiers, les soldats prenaient la route du nord est, en direction du moulin de taren. Ce village fortifié d’où les barbares contrôlaient les vallons. Le prendre signifierait la reconquête de la région. Mais les croisés n’avançaient pas seuls. Suivis nuits et jours depuis le refuge de l’Ornière, les espions du démon étaient nombreux. L’armée d’invasion barbare embourbée dans les cols nains plus au sud, l’Ennemi n’avait que sa garde à opposer à l’alliance : les terribles guerriers noirs. Les espions en étaient.
Adschan’Dan envoya ses hommes en nombre défendre le moulin, alors qu’on lui rapportait l’approche décidée des croisés.
En fin de journée, les troupes débouchèrent dans la vallée de taren, avec en son sein le village, mainteant fortifié.
Une odeur de mort et de pourriture empestait l’air. Le peuple local pendait au bout de nombreuses cordes, aux arbres environnants, le long des fermes. Cet accueil refroidit les serviteurs du Très Haut.
Le moulin de taren n’était plus qu’une garnison pour les hommes du démon.
On ne pu encercler le village, car, en un seul mouvement, une marée de barbares sorties du village et s’aligna face aux croisés. Parmi eux la garde du démon, dans leurs armures de jais. Le doute s’installa dans les rangs. Les officiers s’activaient. Les bataillons se mirent en ordre de batailles. Inutile de penser à une retraite, la forêt serait alors un piège mortel. Personne n’en sortirait vivant.
Combien étaient-ils ? Des milliers. Il sembla que le démon y avait réunis toutes ses troupes. Une forêt des piques et de lames bruissait devant les défenseurs de la Croix.
Des créatures effrayantes apparaissaient dans leurs rangs. La magie du mal était à l’œuvre.
Les hiérarques montrèrent l’exemple, dégainèrent leurs lames et se mirent en triangle. Disloquer la masse ennemie. D’un seul coup.
La charge fut épouvantable. Elle se brisa sur les rangs barbares. Qui se refermèrent sur elle. Le carnage commença. La supériorité numérique de l’ennemi fit son office. Les lames mortelles de leurs champions entrèrent dans la danse, et la moisson pour la faucheuse fut grande. Les premiers bataillons furent annihilés. Les barbares avançaient. Les croisés furent vaillants, mais le démon montrait sa puissance et avait piégé l’Ordre. Ses forces encerclaient l’îlot croisé, ramassé en carré défensif. Les portes glaives furent envoyés à la mêlée. Mais déjà les miliciens cédèrent. Leurs lignes rompirent et ils perdirent foi. Ils prirent une fuite honteuse, en présence du Saint Père. Ils furent rattrapés en massacrés par les hordeux. Les rares qui tinrent le choc et qui ont survécu à cette journée épique ont été promu dans la nuit.
Alors des cavaliers sortirent en nombre des bois. Le valeureux Uthar, ayant eu vent de la guerre de la Croix, arrivait avec des renforts d’Hurlevent. Pris de dos, l’ennemi eu grand mal. Leur charge salvatrice s’enfonça tel un poignard. La réserve fut donnée, toutes les forces furent engagées. Le massacre repris avec force. Vagues après vagues, les croisés se précipitaient sur la horde. Des groupes prirent la fuite. On ne les revit plus jamais. Devant tant de hargne, les barbares plièrent enfin et reculèrent. Jusqu’à la tombée de la nuit, le commandement continua cette tactique fanatique. Les forces fondaient, le rapport de force s’aggravait. Mais l’ennemi reculait.
Le commandement voulu stupéfier l’ennemi devant leur volonté de fer. A la nuit, les deux camps se retirèrent du champ de bataille, ne pouvant continuer la lutte. Les croisés gagnèrent une colline plus à l’est. Ils laissèrent une marre de sang. L’abattement gagna les rangs. Et la colère. Durant la soirée, beaucoup trahirent leurs serments et souillèrent la Croix, en désertant.
Peut-être un croisé sur dix avait survécu. La situation était critique. Environ trois cents combattants pansaient leurs blessures, tandis que des milliers de feux veillaient au moulin de taren.
Mais le Saint Père avait foi. Le Très Haut lui avait promit la victoire. Les hiérarques sentaient la débâcle proche, tant les hommes sentaient la mort en eux, dans leurs uniformes trempés et rouge de sang. Beaucoup l’implorèrent d’abandonner la région et de se replier, pour défendre hurlevent.
Il n’en fut point ainsi. Les clairons sonnèrent le rassemblement. Les officiers levèrent difficilement les hommes. Des propos intolérables sifflaient. Le saint Père s’adressa à tous. Une dernière charge. Maintenant. Ils ne pouvaient échouer. Il l’avait promit. Ceux qui n’avaient plus fois prirent leurs bagages et s’enfuirent devant tant de fanatisme.
Ceux qui restèrent étaient prêts au sacrifice ultime. Pure folie. Leurs bras fatigués sortirent difficilement leurs glaives pour pousser un hourra. Leurs jambes voulurent les empêcher de suivre l’escorte sacrée, qui descendait sur le moulin de taren. Mais aucun n’eut la félonie d’abandonner leurs maitres, de bafouer leur vie, tournée vers cet idéal de défendre jusqu’au bout la Croix.
C’est une poignée de fidèles qui montèrent à l’assaut du village. Ils pénétrèrent dans l’enceinte, mais personne ne les en empêcha. La horde s’était retirée. Leurs trainards tentèrent de défendre leur vie, inutilement. On se précipita, après avoir attendu vainement une attaque, à Austrivage au sud. Mais la cité ne brulait pas. Ils n’étaient pas là non plus.
La joie s’installa dans les rangs. L’ennemi s’était retiré de la région. Les éclaireurs n’en trouvèrent aucune trace. Un miracle ? L’intervention du Tout Puissant ? Un piège ? Les croisés attendirent, mais rien. L’ennemi avait quitté la contrée.
Les hautes contreforts d’hautebrande revenaient dans le giron de l’Alliance. La nouvelle fut envoyée à Hurlevent. Mais le prix était lourd. La Sainte Armée était décimée. Ses survivants avaient perdus dans la terrible bataille leurs amis, frères et pères pour certains.
Aujourd’hui, nous avons levés un fort plus à l’est pour instaurer notre autorité, et attendons la venue de renforts.
Nous sommes trop faibles pour marcher sur la Fossoyeuse, et la dernière région nous séparant d’elle : les grandes forêts de pins à l’ouest. Compagnon, entends notre complainte, arme toi, présente toi à ta paroisse, et hâte toi.
C’est avec toi que l’armée pourra se remettre en marche. Les nains ne retiendront pas longtemps la horde dans leurs montagnes. La survie d’Hurlvent dépend de notre mission. Nous devons frapper la bête en son cœur, décapité l’alliance démoniaque qui dirige l’invasion. Nous devons abattre Adschan Dan et raser sa tannière !
Mar 29 Avr - 13:04